Nancy. Avant de s’élancer dans les eaux paradisiaques de l’Océan Pacifique en octobre, à l’assaut du plus mythique des Ironman, Hawaï (3,8 km de natation, 180 de vélo pour finir par un marathon), où il est qualifié dans sa catégorie d’âge, Anthony Ruotte passera par le triathlon XL de Gérardmer (un semi-Ironman), la fraîcheur de son lac et la difficulté de son parcours vélo. À l’échelle de la Lorraine, Gérardmer est un petit Hawaï et un rendez-vous incontournable pour les amateurs et autres spécialistes mondiaux du triple effort.
« Avant ma qualification, Gérardmer était un gros objectif. Maintenant que je vais à Hawaï, ça passe au second plan, mais je vais quand même le faire à fond », annonce le triathlète laneuvevillois, « dans les meilleurs vétérans, ce serait bien. »
Tout un programme au regard de cet ancien golfeur, loin de s’imaginer un jour qu’il jonglerait entre natation, vélo et course, à raison de vingt-heures hebdomadaires. Mais victime d’un accident de moto qui l’a immobilisé huit mois, l’ancien joueur de première série a dû se résoudre à ranger les fers, la faute à un poignet endommagé, et sortir le vélo, d’abord pour perdre du poids.
Avec Nacer Bouhanni chez les amateurs
« C’est un monde que je ne connaissais pas du tout, j’ai commencé à en faire avec des collègues du boulot pour perdre du poids, j’étais monté à presque 90 kilos. Et puis, j’ai fait de la compétition. »
Au point de se retrouver à la lutte avec le sprinteur vosgien de Cofidis, Nacer Bouhanni, sur une course amateurs à Frouard, en 2008 : « C’est un bon souvenir, c’était ma première course en FFC, j’étais dans l’échappée, il est revenu sur nous avant de nous lâcher. Si j’avais su ce qu’il allait devenir », se remémore Ruotte.
Après cette découverte hivernale de la course, le sociétaire du Triathlon Laneuveville s’est rapidement transformé en triathlète à temps plein, avec des débuts pour le moins compliqué… « J’ai failli me noyer pour mon premier triathlon, je suis sorti avant-dernier de l’eau. »
Quelques séances de natation plus tard et une 28e place sur le XL de Gérardmer en 2011, déjà, ont fini de convaincre l’ancien cycliste, « c’est là que je me suis dit que je ferais un Ironman, mais avant, je voulais me tester sur des marathons ». Test concluant pour celui qui débutera sur la distance en 2 h 45, à Metz, avant de réaliser 2 h 35 sur l’hyper-roulant marathon de Berlin, et donc feu vert pour son grand baptême du feu sur Ironman. À Nice, pour son parcours vélo, forcément : « J’y suis allé sans aucune prétention, si ce n’est celle de finir. Cette qualif’à Hawaï, c’est un peu du bol. »
Un peu de chance et beaucoup de boulot aussi, pour lui qui avait déjà fait énormément de sacrifices depuis six mois : « À la fin, je n’en pouvais plus, mais bon, pour Hawaï… C’est un rêve et une occasion de voyager, et ça, j’adore », avoue le triathlète qui a financé son voyage par le biais d’une plateforme en ligne. Arrivé sur les rotules à Nice, il a affiné sa préparation et corrigé les quelques erreurs d’une première sur longue distance : « Je m’efforce de m’entraîner seul, pour la dimension mentale. J’ai demandé des conseils à un ami entraîneur, je fais du derrière scooter. 20 heures d’entraînement par semaine, ça fait des bonnes journées », plaisante celui qui est conducteur de train, « mais là je suis en vacances, et cette semaine, c’est plus calme. »
Gérardmer et cap sur le Pacifique, le chemin d’Anthony Ruotte est tout tracé et semé de quelques centaines de kilomètres d’effort, encore, avant de fêter ses 40 ans, trois petits jours avant Hawaï. Il y a pire comme cadeau d’anniversaire.
Paolo PHILIPPE